Dans les années 1920, les liaisons télégraphiques internationales existantes (câbles sous-marins) appartiennent à des compagnies privées anglaises ou américaines. C'est ainsi que les informations politiques et économiques (la bourse entre autre) transitent par Londres avant d'arriver à Paris !
Seules des liaisons sans fil peuvent modifier cet état de fait qui met la France dans une situation de faiblesse.
Il devenait donc stratégiquement indispensable d'établir un centre de Télégraphie sans fil, voisin de Paris.
Il était impératif pour la réussite commerciale du projet que la station soit fiable, émette de façon régulière avec une grande puissance et transmette les informations de façon rapide et sans attente.
Le 29 octobre 1920, l'Administration des PTT signe avec la Compagnie générale de TSF une convention permettant à celle-ci de construire et exploiter un centre radio-électrique extra-puissant.
Le site retenu sera le domaine de Sainte-Assise, à 40 km de Paris, en bord de Seine près de Melun.
La zone est desservie par 2 routes (assez bonnes écrivait-on à l'époque ! ) et 2 lignes de chemin de fer. Il n'est pas encore question d'autoroute et de TGV bien sûr !
Le poste de Sainte-Assise comportera 3 stations :
une station continentale réservée aux communications européennes
une station transcontinentale réservée aux communications transocéaniques
une petite station à lampes assurant des relations avec Londres et Madrid
Le dispositif sera complété par un centre d'écoute à Villecresnes plus près de Paris et un bureau central Bd Haussmann à Paris où le public pourra par exemple déposer ses télégrammes.
Le poste de réception de Villecresnes se compose d'un ensemble d'unités dans lesquelles les ondes sont reçues sur d'immenses cadres qui présentent sur l'antenne l'avantage d'une bonne sélection des communications et une bonne protection contre les interférences.
En orientant le cadre dans la direction de l'émetteur à recevoir, il est possible de maximiser l'intensité de la réception et d'affaiblir la nuisance causée par d'autres stations disposées dans des directions différentes.
Vers 1925, la station de Villecresnes dispose de six postes de réceptions en service et d'un autre en construction.
Chaque poste installé dans un petit bâtiment comporte une cage de faraday AAA dans laquelle est installé le récepteur, un support de cadre D, le cadre C monté sur un axe X et orientable dans la direction désirée.
La partie droite de l'image montre les orientations des cadres qui permettent des liaisons vers le Canada, l'Amérique du Sud, le Maroc et vers bien d'autres pays dans le monde entier.
L'exploitation de la station est confiée par la Société Française Radio-électrique à la Compagnie "RADIO-FRANCE" dont l'Administrateur-Directeur sera Emile GIRARDEAU et le Directeur technique M. BRENOT, deux grands pionniers de la radio en France, collaborateurs du général FERRIE.
La première pierre du centre est posée le 9 janvier 1921.
Une organisation exemplaire du chantier permettra un démarrage des émissions dès 1922.
Cette station était équipée de 4 alternateurs haute fréquence .
La longueur d'onde d'émission pouvait varier de 8 600 m (35000 Hz) à 11 000 m (27000 Hz) par variation de la vitesse des alternateurs de 6 500 à 5 000 t/min.
L'antenne de la station continentale était de type parapluie, supportée par un pylône métallique haubané de 250 m de hauteur.
Un petit émetteur à lampes était installé dans le même bâtiment. Il pouvait émettre sur des longueurs d'ondes comprises entre 2 000 et 6 000 m.
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Cette station était équipée de 4 alternateurs haute fréquence : 2 de 250 kW antenne (3000 t/min - 20,4 kHz) et 2 de 500 kW antenne (2500 t/min - 15 kHz).
L'antenne de la station transcontinentale était portée par 16 pylônes métalliques haubanés de 250 m de hauteur dont on voit la structure sur l'image ci-contre.
(Image Encyclopédie Pratique de Mécanique et d'Electricité QUILLET - 1928)
L'alimentation électrique était assurée par le réseau et par des groupes diesels de secours.
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Depuis 1998 le site est propriété de la Marine Nationale qui l’utilise pour communiquer avec les forces sous-marines.
Les grands pylônes sont toujours en place et visibles de loin.
«Au début des années 20, les pylônes servaient à l’opérateur civil. Aujourd’hui la Marine Nationale les utilise car ils émettent des basses fréquences qui ont la caractéristique de bien pénétrer dans l’eau», explique Dominique Pierquet, commandant le CTM de Sainte-Assise dans un article paru dans LA REPUBLIQUE de Seine et Marne du 4 septembre 2003. Le Centre de Transmission assure ainsi quotidiennement dans la plus grande discrétion, le lien avec nos forces navales et nos sous-marins nucléaires.
Un personnel qualifié important assurait de façon permanente l'exploitation et la maintenance de cette vaste installation.
Sources :