Raconte-moi la radio

La T.S.F.

Les premières stations françaises

La Radiophonie en France

Sous l'impulsion du commandant Ferrié et en collaboration avec les industriels, un réseau d'émetteurs de radiotélégraphie militaire à l'usage des services des armées a été progressivement installé sur l'ensemble du territoire français à partir des années 1900.

Ces stations sont tout d'abord équipées d'émetteurs à étincelles à ondes amorties puis des matériels plus performants sont mis en place au fur et à mesure de l'évolution des techniques, ce qui fait que les structures de ces installations seront en permanente évolution pendant des décennies.

Les images contenues ci-après, ne peuvent donc que rendre compte de l'état d'une installation à un instant donné. Les stations d'origine ont bien sûr aujourd'hui complètement disparu.

La marine nationale

Les premières stations côtières à usage de la marine nationale sont mise en service à partir de 1903 dans la région brestoise, Parc au duc, Pointe du Raz, Saint Mathieu et Ouessant, puis en Méditerranée avec Port-Vendres dans les Pyrénées Orientales, la station de Porquerolles dans le golfe de Hyères et une station expérimentale de surveillance au Cap d'Agde dans l'Hérault.

Plus tard, une installation de puissance sera implantée dans le port de Toulon.

Un certain nombre de stations côtières seront ainsi progressivement installées sur l'ensemble du pourtour maritime de la France.

Ce sera le cas du port de Dieppe qui sera équipé d'un poste de télégraphie sans fil à usage de la marine opérationnel dès 1907.

C'est aussi à Dieppe que seront entreprises plusieurs campagnes d'essais en vue de la mise au point de dispositifs de repérage en mer des navires.

On trouvait aussi une station maritime aux Saintes-Maries de la Mer

La station de Boulogne-sur-merqui aura des missions spécifiques de recherche, poursuivra les premiers essais de Dieppe et testera en particulier différents types d'antenne permettant d'améliorer les performances et la précision des techniques de repérage azimutal des navires appelées de nos jours radiogoniomètrie.

Certaines stations comme celle de Belle Ile en Mer sont des stations de secours reliées par cable à une autre station pour des raisons de sécurité et de permanence des transmissions.

D'autres enfin sont des stations d'écoute exploitées par les services de surveillance du territoire, civiles et militaires. Une telle installation était implantée près d'Agde.

On retrouve trace aussi d'une installation de grande taille près de Sévérac dans le Morbihan.

L'armée de Terre

La station d'Epinal dans les Vosges construite en 1909 , fait partie d'un réseau organisé de transmissions pour les besoins de l'Armée de Terre.

Elle permettait de relier Paris aux différentes places fortes de l'Est de la France. Son antenne en nappe était supportée par 4 grands pylônes de 120 m de hauteur.

L'aéronautique

Après la Grande Guerre, l'aéronautique se développe dans le monde et en France en particulier. La radionavigation s'organise en même temps que la règlementation se développe.

La station du Bouscat, près de Bordeaux, fait partie du réseau organisé de transmissions pour les besoins de l'aviation civile et militaire qui se met progressivement en place dés la fin des hostilités.

Puy-de-Dome
Le sommet du Puy -de-Dôme
La tour de l'observatoire et l'antenne de télégraphie (vers 1910)

Des stations spécialisées

Si les stations vues précédemment ont des missions militaires très larges, d'autres réseaux plus spécialisés sont mis en place à l'image de ce qui existe à l'époque déjà dans le domaine de l'astronomie et l'astrophysique.

Le Puy-de-Dôme est équipé par exemple, d'une station de radio dédiée aux études météorologiques.

Des pionniers

Dès 1900, un certains nombre de pionniers avaient commencé d'expérimenter ici et là quelques installations prototypes de faible puissance donnant naissance à ce qui deviendra, de façon organisée après la première guerre mondiale, le réseau des radioamateurs.

Mais à la veille de la guerre, il existait déjà sur le territoire national, en dehors des grandes installations exploitées par le Ministère des Postes et Télégraphes ou l'Armée, quelques installations privées de taille industrielles capable d'assurer des liaisons expérimentales sur de très grandes distances.

Une des plus puissantes - et sans doute unique en son genre - avait été construite en Savoie sur le commune de Champagneux. Il s'agissait bien sûr d'une station de télégraphie qui de ce fait était sans doute à l'époque complètement inconnue du grand public.

La déclaration de guerre en août 1914, mettra bien sûr un arrêt au développement de tous ces projets civiles.

La Radiophonie

On sait que la radiophonie a pu naître grâce à l'invention des émetteurs à ondes entretenues.

En France, comme dans d'autres pays latins, les instances politiques s'opposent à une libéralisation de la Radio et les discussions réglementaires freinent le développement de cette nouvelle technique.

De ce fait, les premières émissions de radiodiffusion sont faites sous contrôle de l'Etat.

En 1920, la CSF obtient du gouvernement la concession de toutes les liaisons internationales à partir de sa station de Sainte-Assise

Ecoute en famille

La station commence en novembre 1921 à diffuser quelques programmes parlés.

Dès février 1922, le poste de la Tour Eiffel (poste militaire) commence à retransmettre quelques radio-concerts.

De fait les premières émissions sont audibles presque uniquement en région parisienne et seulement pendant quelques heures par jour.

Lancée en novembre 1922 par Emile Girardeau, Radiola sera la 1ère station de radio privée parisienne à transmettre, de façon régulière dès le 6 janvier 1923, un journal radiophoné ou parlé.

Marcel Laporte, alias "Radiolo", qui animera ces émissions peut être considéré comme le premier speaker francophone.

Maurice Bourdet sera aussi un de ces pionniers qui inventeront la radio moderne.

Mais la Radio telle que nous la connaissons aujourd'hui, avec des programmes quotidiens de musique variée et d'informations, ne commencera vraiment à rentrer dans les foyers français qu'à partir de 1925.

Carte postale humoristique

Son arrivée boulversera la vie quotidienne des gens et inspirera beaucoup les humoristes de l'époque.

A cette date, seuls quelques postes de radiodiffusion commencent à proposer des programmes de variétés afin d'attirer un large public. On peut citer parmi les premiers postes parisiens :

- Le poste de la Tour Eiffel qui appartient encore à l'armée mais qui sous l'impulsion du Général Ferrié s'ouvre à des transmissions de concerts et de bulletins météo,

- Radiola le poste privé de la SFR installé à Levallois dans l'usine qui commence à produire des récepteurs en série,

- Le Poste Parisien créé par le groupe privé du journal "Le Petit Parisien",

- Paris-PTT installé dans les locaux de l'école rue de Grenelle,

- Radio-LL, créée par Lucien LEVY, lui aussi fabricant de radios ; station qui deviendra plus tard Radio-Cité.

Notons que vers 1926/27, la bande passante très large de cet émetteur avait conduit la presse à qualifier la station de "type parfait du poste gêneur".

Mais la situation va rapidement évoluer et de nouvelles stations de radiophonie privées vont commencer à émettre en région parisienne comme en province.

On peut citer :

- Radio Fécamp qui deviendra plus tard Radio-Normandie,

- Radio-Toulouse qui dès 1927 est équipée de tubes de puissance à refroidissement par eau et transmet des émissions de grande qualité.

Les années 1926 à 1928 vont voir à la fois une explosion du nombre d'auditeurs, une occupation anarchique de l'espace radiophonique et une confrontation politico-technique entre les partisans d'une Radiophonie d'Etat et les défenseurs d'une Radiodiffusion privée qui va finalement avoir un effet très négatif sur le public.

La mise en place d'une réglementation Nationale déclinée de prescriptions Internationales apparaît indispensable pour mettre un peu d'ordre et éviter une agonie de la Radiodiffusion Française. (congrès de Washington en 1927).

La Foire de Paris de 1927, se déroulera, de fait, dans un climat de morosité de l'Industrie Radioélectrique française.

A l'aube des années 1930, 25 stations de radiodiffusion émettent en France. On en compte 6 à Paris dont celles citées ci-dessus, 18 en province et 1 internationale (Radio Luxembourg). 14 de ces stations sont privées et 11 sont gérées par l'Etat.

Mais le développement de la radiodiffusion restera difficile et conflictuel jusqu'à la fin des années 1930.

En plus d'une évolution rapide des matériels techniques, les intérêts économiques en jeu et les rapports difficiles entre les investisseurs privés et l'Etats ne facilitent pas la mise en place de structures opérationnelles.

En janvier 1934, par exemple, Jacques Trémoulet, le puissant propriétaire de Radio Toulouse, prend la régie publicitaire de Radio Vitus, station en perte de vitesse, et renomme la station qui s'appellera désormais "Poste de l'Ile-de-France" ou "Radio Ile-de-France". En décembre 1935, l'émetteur sera transféré à Romainville. Cette station sera le troisième poste privé de Paris après Radio Cité et le Poste Parisien. Comme les autres, elle cessera ses émissions en 1940.

Pendant cette période, les premiers périodiques de programmes de radio tel Radio Sélection collecte le mécontentement des auditeurs lassés par les errements dans le développement d'une Radiodiffusion de qualité.


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Par delà les palabres juridico-politiques, malgré les difficultés techniques et les boulversements industriels indispensables, mais grâce sans nul doute à l'immense effort d'inventivité d'une poignée d'hommes qui expérimentent au quotidien, les techniques de communications radiophoniques, la Radio s'installe rapidement dans les foyers français et devient, à partir des années 1935, un élément incontournable de la vie familiale.

Les magasins spécialisés dans la vente et la réparation de postes Radio font leur apparition dans les grandes villes puis sur l'ensemble du terrritoire. Les publicitaires mettent bien sûr leur talent à disposition de ces nouvelles professions.

En 1928, le pays, en dehors des postes de radiodiffusion parlée commerciaux,  est couverte par un réseau d'émetteurs  puissants répartis sur l'ensemble du territoire métropolitain et dans les pays sous tutelle française (colonies et territoires d'outre-mer). Cliquez ici pour voir la carte.

Les émetteurs à usage civil sont gérés par l'Administration des PTT ou exploités sous son contrôle.

On peut citer les grandes stations suivantes :

- Le poste de la Tour Eiffel qui assure le service de jour et de nuit avec les Etats-Unis,

- Le poste de Sainte-Assise qui assure une liaison permanente avec l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud, l'Afrique du Sud (Le Cap) et l'Extrême-Orient (Chine et Japon),

- Le poste de Lyon-La-Doua qui est relayé par les postes de Shang-Haï et Saigon,

- Le poste de Bordeaux-Lafayette qui assure une couverture supplémentaire vers les Etats-Unis et le Pacifique.

- Le poste de Nantes qui est plus spécialement dédié à un service régulier avec les navires,

A partir de 1930, la radio pénètre largement les foyers français. Les industriels commercialisent des matériels performants qui permettent une écoute familiale confortable. Certes, ces produits sont encore chers. Seules les familles les plus aisées peuvent s'équiper. Le poste de TSF est un objet de luxe qui occupe une place privilégiée dans l'aménagement des appartements.

De 100 000 récepteurs dénombrés en 1925 dans les foyers français, on passera rapidement à 1 million en 1932 puis 2 millions en 1936, 4 millions en 1937 et 5 millions en 1939. Un développement fulgurant, comparable à ce qui se passe de nos jours avec le téléphone cellulaire ou la télévision numérique.

En cette période où de nombreux boulversements sociaux-culturels sont en train de s'accomplir, le Poste de Radio devient l'emblème du progrès et du modernisme. Les personnages publics, les artistes, les responsables politiques n'hésitent pas à poser à côté d'un récepteur de Radio tout flambant neuf, comme d'autres le feraient de nos jours à côté d'une voiture de sport de rêve : La Radio, signe extérieur de richesse ? La TSF, vecteur de progrès ?

A vous d'en juger au travers de ces quelques témoignages photographiques d'époque.

Emetteur de radio-télévision du Puy-de-Dôme
Le Puy de Dôme (Massif Central) et sa tour de télévision

Les antennes sont installées sur des surfaces dégagés ou sur des points hauts de façon à obtenir une portée maximale en liaison directe (émetteurs FM en onde métrique).

Le sommet du Puy-de-Dôme (Massif Central), par exemple, a été utilisé très tôt pour l'installation d'émetteurs de radio puis dans les années 60 de télévision.


Il en est de même de beaucoup de sommets en France et dans le monde qui sont aujourd'hui équipés d'antennes de télécommunication.




Seule la transmission par satellite permet aujourd'hui d'envoyer des émissions radio-télévisées sur des grandes parties de territoires d'accès difficile (zones montagneuses, îles ...).

Les émissions terrestres de puissance sont obtenues à l'aide d'installations complexes et coûteuses et utilisent des lampes d'émissions pouvant dissiper plus de 100kW.

L'image ci-contre montre l'étage final de puissance d'une installation de la radiodiffusion publique française en onde hectométrique et modulation d'amplitude.

De nos jours, la station d'Allouis retransmet au quotidien les émissions de France-Inter en Grandes Ondes. Cet émetteur implanté dans le Cher reste l'un des plus puissant du monde.


Parmi les grands moments de la radio-diffusion, on se souviendra de l'année 1938, au cours de laquelle le célèbre cinéaste Orson WELLES annonça sur les ondes de CBS, l'arrivée des martiens sur la terre.>

On se souviendra aussi, avec une certaine émotion, de la voix de la station radio-maritime de Saint Lys, FFL, qui pendant des décennies a assuré un lien permanent entre les marins à bord des bateaux et leur famille à terre, quel que fut le temps, quelle que fut l'heure, de jour comme de nuit. 

Vaincue par le progrès technique et en particulier l'essor des transmissions par satellite, l'exploitation de cette station vieille de plus de 50 ans ne se justifiait sans doute plus. 




La voix pour les marins s'est éteinte le vendredi 16 Janvier 1998, à 20h00 (heure de Paris) ; écoutons les dernières minutes de cette station qui a bien rempli sa mission.


Pour avoir toutes les informations sur la station de Saint-Lys Radio, cliquez ici et rendez-vous sur le Portail RadioAmateur et Motard de F1NQP où vous trouverez l'excellent document de M Edgar Ambiaud. Ou sur Google vous inscrivez "edgar ambiaud" et vous êtes conduit sur le site qui héberge son récit.



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Vapotron
Vapotron moderne d'émission

Merci à Guy de Saint Étienne de Mont Luc (44) qui m'a aimablement envoyé l'enregistrement historique de Saint-Lys Radio.

Merci aussi à Jean-Jacques F1NQP Dépt. 60 qui m'a autorisé à faire un lien sur son site.


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