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La pile MEIDINGER

Cette pile est une variante de la pile au sulfate de cuivre de Callaud. Elle a été proposée par J. H. MEIDINGER vers 1859 de façon à éviter un appauvrissement du sulfate de cuivre et à faciliter la maintenance de ce type de piles.

Elle a été très employée par les compagnies de chemin de fer, en particulier en Allemagne et par beaucoup de services de télégraphie.



Pile Meidinger
Ensemble monté

Pile Meidinger
Détail des différents composants en verre

Un disque de cuivre est placé au fond d'un petit verre. Ce disque est relié à un fil de cuivre isolé qui constitue l'électrode positive de la pile.

L'électrode négative est une tôle en zinc roulée qui repose sur le rebord du bocal principal.

On remplit le verre de cristaux de sulfate de cuivre et on verse avec soin de l'eau légèrement acidifiée jusqu'au niveau du rétreint du bocal.

Le ballon est rempli de cristaux de sulfate de cuivre et d'eau et on le retourne dans le bocal.

On verse lentement une solution diluée d'acide sulfurique jusqu'à noyer l'électrode négative.

La pile est prête à fonctionner.

Sur la photo la pile ne contient pas d'eau mais uniquement du sulfate de cuivre cristallisé.


Exemple d'application


Piles Daniell à Ballon (identique à la Pile Meidinger)
Installation de galvanoplastie

Compte tenu de leur constance en tension et de leur capacité, ces piles étaient employées comme source de courant continu par de nombreux orfèvres pour des traitements de surface de petites pièces (dorures, argenture, nickelage etc), jusque dans les années 1950.

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Une petite page d'histoire


Le téléphone s'implante en Australie vers 1854.

En 1870, l'anglais Charles Todd, en utilisant les cartes de l'explorateur John McDouall Stuart entreprend la pose de la première ligne téléphonique transaustralienne entre Adélaïde et Darwin.


Bucherons au travail dans la forêt vierge
Première ligne téléphonique transaustralienne
entre Adélaïde et Darwin

L'ensemble des matériels (isolateurs, supports, postes télégraphiques, ...) est expédié d'Angleterre.

Les chantiers sont composés de charpentiers, poseurs de lignes, bucherons, électriciens, mais aussi d'une équipe médicale et des personnels d'intendance (cuisiniers). Des centaines de chevaux, des wagons et deux caravanes de chameaux transporteront les milliers d'isolateurs, de supports, les piles, les appareils électriques et téléphoniques et, bien sûr, la logistique indispensable à la survie des équipes (nourriture, médicaments, boisson, tentes, eau, outillage, ...).

Les 2900 Km (1,800 miles) de fils de fer galvanisé seront posés en 2 ans, en 3 tronçons à partir du Nord, du Sud et du Centre de l'Australie. Des répétiteurs et des alimentations électriques seront installés tous les 200 Km (120 miles)environ.

La construction de la ligne ne fut sans doute pas toujours facile. Le chantier traversera des régions très hostiles (desert, zones humides, ...) et des reliefs difficiles (montagnes, rivières,..).

Ce n'est sans doute pas sans raison si un recueil de souvenirs d'époque édité par les Télécom australien dans les années 1960, avait pour titre Never Never Telegraphist. Sans doute une allusion à la Never Never Country que la ligne téléphonique traversait au Nord.

Chaque section de la ligne était alimentée en 120 V avec des piles type Meidinger.

Un rapide calcul permet d'estimer qu'il y avait sans doute de l'ordre de 1500 à 2000 piles en fonctionnement !

Un document d'époque indique que ces piles étaient montées sur un rack qui en contenaient 350 et que chaque semaine le personnel d'entretien en rénovait une partie

Si l'on considère qu'il y avait environ une quinzaine de stations sur les 3000 km de ligne, cela représenterait un stock de piles plutôt de l'ordre de 4000 à 4500 éléments !

Chaque station relais était pourvue d'une équipe de surveillance et de maintenance des matériels en particulier des piles qui nécessitaient un entretien régulier.

Dans chaque station un opérateur télégraphiste assurait en manuel la transmission du signal d'une section vers l'autre.



Pile Meidinger
Pile opérationnelle avec son électrolyte

Sources :

  1. Essai sur les piles - A. Callaud - Gauthier-Villard Imprimeur Libraire Paris - 1875
  2. le site : http://www.connectingthecontinent.com/ctcwebsite/pdf/nevergoss.pdf
  3. Traité de galvanoplastie - Alfred SOULIER - Librairie Garnier Frères PARIS 1943

© 2000-2007 Pierre Dessapt