Raconte-moi la radio
Installation des piles
Quand de nos jours on parle de piles, on pense quasi exclusivement à ces sources d'énergie électrique de faible puissance qui alimentent nos appareils de radio, nos photoscopes et camescopes numériques ou nos téléphones cellulaires.
Rappelons nous qu'à l'origine, la pile constituait la seule source d'énergie électrique, que ce soit pour des applications scientifiques ou industrielles.
En ce qui concerne les applications scientifiques, souvenons-nous de l'importance de l'intervention personnelle de Napoléon Bonaparte, qui vers 1810, fit construire, à l'école polytechnique, pour les besoins de recherche, une grande pile.
Souvenons-nous aussi des découvertes de Davy en Angleterre qui grâce à la pile à auges de l'institut Royal de Londres, avait pu accomplir des recherches fondamentales dans le domaine de l'électrochimie.
Les applications les plus communes des piles
L'application la plus connue des piles est sans conteste la télégraphie et la téléphonie. Les Administrations de l'époque ont fait fabriquer des centaines de milliers de piles parmi lesquelles, la pile Leclanché et la pile de Callaud sont les deux types les plus exploités.
N'oublions pas les usages de la téléphonie pour les besoins spécifiques du chemin de fer ainsi que toutes les applications liées à la signalisation ferroviaire qui fonctionnaient à l'électricité.
Mais les piles ont eu aussi leur heure de gloire dans de nombreuses applications domestiques à une époque ou les compagnies de distribution électrique n'avaient pas encore tissé un réseau en ville et à la campagne. Pensez à l'éclairage, à l'allumage des becs de gaz et des gazinières domestiques, aux sonneries d'appel, à la signalisation dans les rues et dans les hotels et même à l'allumage des premières voitures automobiles comme on disait à l'époque.
..... et puis enfin n'oublions pas l'essentiel .... l'alimentation des premiers postes de télégraphie sans fil, civiles ou militaires.
Comment exploitait-on les piles
Une pile isolée n'a pas la puissance suffisante pour les applications pratiques de l'électricité. Il est nécessaire d'en coupler plusieurs ensemble pour augmenter la tension (montage en série) ou le débit (montage en parallèle).
Les piles à usage industriel étaient placées dans un local dédié, aéré et sec, ni trop chaud ni trop froid, pour éviter une évaporation rapide de l'électrolyte ou le gel en hiver.On trouvait en général dans les grands centraux téléphoniques des salles de piles en sous-sol. Les piles étaient disposées sur des étagères facilement accessibles pour assurer leur maintenance et en particulier le niveau du liquide dans les vases de verre.
Pour avoir une source d'électricité bien règlée au niveau de l'utilisation, des dispositions particulières étaient prises pour compenser les baisses de tensions dues aux pertes en lignes et les chutes de tensions dues à la résistance interne des piles.
Dans le but d'optimiser le nombre de piles en service, des montages spécifiques des batteries de piles avaient été inventés..
Les batteries de piles étaient montées en cascade, ou en échelle ou suivant un montage plus complexe baptisé en échelle d'Amsterdam.
Plus tard, l'Administration imposa des installations en batterie universelle dans lesquelles les différentes lignes (les différents consommateurs) étaient équilibrées en courant par des résistances d'équilibre calculées suivant la loi d'Ohm.
N'oublions pas aussi les problèmes de protection contre les courts-circuits. Chaque prise de piles était en général équipée d'une résistance de sécurité formée par une lampe à filament qui a la particularité de voir sa résistance sextuplée lorsque le filament passe du rouge sombre au blanc éblouissant.
Enfin les compensations de perte de tension liées à l'usure des piles étaient faites en rajoutant des éléments supplémentaires. Par exemple les procédures d'exploitation prévoyaient de rajouter 1/10 du nombre de piles en place quand la tension arrivait à 9/10 de la tension de référence. Les piles usées étaient nettoyées et remises à neuf pour une utilisation ultérieure.
Une gestion complexe qui employait une main d'oeuvre très spécialisée.Un métier aujourd'hui disparu.