Vers 1900, il n'existe pas en France et dans les autres grands pays industrialisés de réseau interconnecté sur lesquels de grandes centrales déversent leur production d'électricité comme c'est le cas de nos jours. Cette structure moderne date des années 1950.
A cette époque, chaque entreprise, chaque commune, chaque ville s'équipe d'une station de production de taille adaptée et gère elle-même ses propres besoins. Le terme de gestion recouvre bien sûr ici à la fois l'aspect technique (exploitation et entretien des installations) et l'apect économique (investissement, coût du combustible et coûts d'exploitation y compris les salaires du personnel).
Des villes comme Saint-Etienne par exemple profitent de la richesse naturelle de leur sous-sol pour brûler sur place le charbon des mines locales.
Il en était de même des villes du bassins houillé du Nord de la France, ce qui explique que de nombreuses industries consommatrices d'électricité se soient implantées dans cette région (sidérurgie).
Si l'eau était abondante, elle était bien sûr utilisée pour faire tourner des turbines. Il en était ainsi dans de nombreuses communes des Alpes ou des Pyrénées.
La Maison Moët & Chandon, mondialement connue pour ses Champagnes possédait ainsi, avant la première guerre mondiale, une station privée de production d'électricité.
Moët & Chandon
Vue générale de l'entreprise côté manutention
des vins en fûts
Au fond à gauche la station de production
d'électricité avec sa cheminée
CPA datant des années 1913
Cette installation est assez représentative des installations qui équipaient à cette époque les entreprises utilisatrices d'une grande quantité d'électricité et sans doute aussi de vapeur.
Moët & Chandon
Vue générale de la station de production d'électricité
CPA datant des années 1913
La station construite dans l'enceinte même de l'entreprise comportait les éléments suivants :
Moët & Chandon
La chaudière de production d'énergie
CPA datant des années 1913
Moët & Chandon
La salle des machines de production d'électricité
CPA datée de Août 1913
L'exploitation et l'entretien de cette installation étaient assurés par un personnel spécialisé et on peut imaginer que ces machines complexes n'étaient pas exemptes de pannes qui privaient l'entreprise d'une énergie indispensable à la production. Le diesel de secours assurait sans doute l'alimentation des circuits de première nécessité, mais ne devait pas assurer la reprise de la totalité de la puissance nécessaire. La redondance des machines (2 machines identiques) permettait d'améliorer la disponibilité globale de l'installation.
Comment dimensionner ces stations en fonction du besoin estimé en énergie électrique et en tenant compte des risques de pannes ?
Plusieurs solutions techniques sont envisageables :
Pour subvenir aux défaillances des machines, il est possible de construire des installations de ce type en prévoyant 2 machines capables chacune de 100% des besoins ou seulement de 50% des besoins.
Dans le premier cas la station est exploitée avec une machine en fonctionnement et l'autre en attente (stand-by) prête à se mettre en fonctionnement sur défaillance de la première (solution appelée souvent "normal/secours").
Dans le deuxième cas, les 2 machines fonctionnement en parallèle et la défaillance d'une machine entraine un déficit de production d'électricité de 50% qui oblige à mettre hors service la moitié des consommateurs (moteurs, compresseurs, pompes, ....). On se trouve alors dans un mode de fonctionnement dit dégradé, qui limite la production sans toutefois l'arrêter complètement.
Le choix entre les deux solutions est purement économique, la deuxième solution étant en général au moins 40% moins chère en investissement que la première.
ooOoo
Et pour terminer voici 2 autres exemples d'installations de production privée d'électricité.
Station
de l'Ecole pratique de Commerce et Industrie de Reims
au centre de l'image, le régulateur de vitesse à
boules de Watt
Station centrale électrique
de la Manufacture d'Armes et Cycles de Saint-Etienne (Loire)
la production est assurée ici par des turbines à vapeur
Station électrique
de l'usine MICHELIN de Clermont-ferrand (Puy de Dôme)
la production est assurée ici par une machine à vapeur
couplée à une dynamo de 1100 kW (1500 chevaux)
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