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L'usine hydroélectrique de Cusset

A partir de la fin du 19ième siècle, dès que les techniques de distribution du courant sur longue distance sont au point, les premières installations hydroélectriques sont implantées sur les rivières et fleuves de France.


La Fée Electricité
Lithographie de Tamagno
Imprimerie Camis 1900

Les réalisations sont de plusieurs types :

D'abord les barrages de haute montagne qui récupèrent l'eau des lacs ou de la fonte des neiges. Cette eau canalisée dans des tunels et des "conduites forcées" fait tourner les turbines implantées en fond de vallée avec des hauteurs de chute importantes pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres (turbines PELTON).

Ensuite, dans les vallées de moyenne altitude où les hauteurs de chute ne dépassent pas une cinquantaine de mètres des barrages de retenue seront construits avec des groupes turbines qui feront appel à d'autres types de matériels (Turbines KAPLAN ou FRANCIS).

Sur les fleuves à débits importants, les installations fonctionneront "au fil de l'eau", sans stockage amont et avec des hauteurs de chute beaucoup plus faibles de quelques mètres ou dizaines de mètres seulement (Turbines KAPLAN ou Groupes BULBE).

Enfin, certaines installations disposent d'une double fonction turbinage et pompage qui permet de transférer l'eau d'un bassin amont vers l'aval à certaines heures de la journée, puis de la pomper de l'aval vers l'amont à d'autres moments participant ainsi à la régulation de la production d'électricité au plan national voire européen. Une telle installation existe par exemple en France dans les Alpes près de Grenoble (centrale hydroélectrique de Grand'Maison).

Le Rhône, l'un des fleuves de France au plus fort débit, sera équipé très tôt d'installations de taille industrielle.

Il recevra les premiers aménagements dès sa sortie du lac de Genève pour la partie française. Ces installations permettront à la fois de disposer de voies navigeables, de régulariser son cours plus au Sud et de produire de l'électricité.

L'agglomération lyonnaise qui s'industrialise au début du 20 ième siècle a des besoins très importants en électricité. On peut citer, sans ordre de priorité :

  • - la soierie avec les ateliers familiaux de tissage puis, surtout après la première guerre mondiale, le développement des textiles artificiels, d'abord la viscose appelée jadis "soie artificielle" puis d'autres fibres synthétiques fabriquées sur l'Est lyonnais - par exemple dans les usines SASE (Soie Artificielle du Sud Est) qui deviendront TASE (Textiles Artificiels du Sud Est) en 1935 et en 1970 RPT (Rhône-Poulenc Textile) à Vaulx-en-Velin ;
  • - la photographie avec l’usine des Frères Lumière installée à Monplaisir ;
  • - l’automobile avec les premiers véhicules de l’entreprise Marius Berliet ;
  • - la chimie naissante avec la teinture artificielle à Saint-Fons ;
  • - sans oublier l’éclairage public et le tramway de Villeurbanne. A cela s’ajoute le problème de l’alimentation en eau de l’agglomération et donc de l’électrification des pompes de captages.

Sous la Direction de la Société Lyonnaise des Forces Motrices du Rhône, un canal latéral de plusieurs dizaines de kilomètres sera creusé le long du Rhône. Le dénivelé final permettra l'implantation d'une usine hydroélectrique, le barrage de Cusset, qui restera longtemps l'une des installations les plus puissantes de France.

Construite à partir de 1892, l'usine hydroélectrique de CUSSET sera mise en service en 1899.



Vue de l'entrée principale du barrage de Cusset
Noter le fronton orné de faïences de Maubeuge

Le canal de Jonage qui dérive l'eau du Rhône en amont et l'amène jusqu'à l'entrée du barrage permet une dénivellation de 12,5 m en moyenne.

le rejet aval rejoint le cours normal du fleuve à l'entrée de LYON, environ un kilomètre plus bas.



L'entrée de l'installation

La partie aval avec la sortie d'eau

L'usine de Cusset, qui est encore en fonctionnement aujourd'hui, produit suffisament de puissance pour alimenter la totalité de la ville de Villeurbanne où elle est implantée.



Une des 16 machines de l'usine de Cusset

Détail de l'alternateur

Les turbines actuelles ne sont pas celles d'origine, mais ont été mises en place entre les années 1933 et 1950. Ce sont des groupes alternateurs à axe verticale, équipés de turbines Kaplan à rotor en hélice avec des aubes à pas variable.

Ce type de turbine est bien adapté pour les faibles chutes de 10 à 30 mètres en hauteur, ce qui correspond aux caractéristiques du site de Cusset (hauteur maxi de 14 m).

Ces machines tournent à 250 t/min et disposent donc d'alternateurs triphasés à 12 paires de pôles.

Elles ont été construites par la COMPAGNIE ELECTROMECANIQUE à Paris.


Salle des machines du barrage de Cusset
Vue générale sur les groupes alternateurs - Puissance totale installée 63 MW

Le débit d'eau est assuré par un vannage mobile actionné par un régulateur hydraulique de type CHARMILLES.



Plaque signalétique
COMPAGNIE ELECTROMECANIQUE à Paris

Vue du régulateur de puissance du groupe
Régulation hydraulique CHARMILLE

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L'usine de Cusset, implantée à deux pas du quartier de La-Doua à Villeurbanne, sera une source d'alimentation électrique de grande sécurité et de première importance, pour l' Emetteur Radio-Télégraphique de LYON-la-DOUA, gros consommateur d'énergie dès sa mise en service (1914) et qui jouera un rôle stratégique important pendant la Grande Guerre (14/18) en assurant des liaisons radio avec les garnisons de l'Est, et nos alliés aux Etats-Unis et en Russie.


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Société lyonnaise des forces motrices du Rhône vers 1900
L'usine de Cusset pris de l'aval et le canal de Jonage


Vue de la salle des machines vers 1900
Le barrage de Cusset était équipé à l'origine de 16 turbines à axe vertical

Sources :

  1. - Photos prises à l'occasion de la journée du patrinoine septembre 2008
  2. - Association Usine Sans Fin - 69120 Vaulx en Velin - usinesansfin@voila.fr

© 2000-2008 Pierre Dessapt