Ingénieur français né le 15 février 1894 à Cambrai dans le Nord de la France et mort en janvier 1972 à Hollywood en Floride où il passait l'hiver.
Après de brillantes études (Licence en Sciences Physiques et Mathématiques à la Sorbonne), André Gabriel Clavier sortira diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité de Paris (ESE) en 1920.
A sa sortie de l'école, il rejoindra l'équipe du Général Ferrié à l'Etablissement Central de la Radiotélégraphie Militaire avec pour mission de mener des études dans le domaine des ondes courtes et très courtes.
En 1929, il est embauché aux laboratoires de la International Telephone and Telegraph (ITT) à Paris - qui deviendra plus tard LMT - en tant que chercheur et deviendra, indépendamment des équipes de recherche américaines, l'un des pionniers français des faisceaux hertziens.
Il contribuera à la vulgarisation de la TSF naissante en écrivant de nombreux ouvrages d'initiation à destination d'un large public.
De 1922 à 1925, il sera secrétaire à la rédaction de la toute nouvelle revue "L'onde électrique".
En 1923 il rédigera "Les ondes courtes : émission, réception, construction des appareils" paru chez Étienne. Chiron - Editeur, livre qui permettait d'étudier l'émission et la réception des ondes courtes, puis d'aborder l'emploi de la réaction et des procédés de réception par changement de fréquence. Ce livre comportait aussi un chapitre sur la réception des ondes très courtes, technique toute nouvelle à cette époque.
En 1925, il publie chez le même éditeur, un autre ouvrage : Radiotéléphone et applications diverses des lampes à trois électrodes .
En 1929, il fera paraître "L'apprentissage de la TSF", chez Albin Michel Editeur PARIS.
Cet ouvrage expliquait comment monter soi-même un poste récepteur de téléphonie et de télégraphie sans fil. Il traitait de l'appareil le plus rudimentaire à l'emploi des dernières méthodes préconisées à cette période.
Attaché au Laboratoire Central des Télécommunications (LCT) à Paris, sous la Direction de Maurice DELORAINE (1895, 1991), André Clavier réussira en 1930 une première expérimentation en onde ultra-courtes (long. onde 17 cm, fréquence de 1.7 Ghz).
Le 31 mars 1931, il réalisera entre Calais et Douvres, la première transmission transmanche "officielle" en ondes ultra-courtes et montrera ainsi les propriétés et l'intérêt technico-économique de ces techniques nouvelles (système qu'il appellera "micro-ray radio").
Là où Marconi avait réalisé une première liaison "sans fil", 35 ans plus tôt, à l'aide d'antennes primitives, la transmission sur près de 40 Km sera réalisée entre deux antennes paraboliques de 3 mètres de diamètre et avec une puissance d'émission de quelques fractions de Watt seulement (photo ci-contre).
Cette première réalisation marquera le début de l'ère des liaisons par faisceaux hertziens.
La première liaison commerciale sera mise en place en 1933 entre Saint Inglevert situé à une vingtaine de Km de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais et Lympne près de Douvres dans le Kent en Angleterre.
L'émission en hyperfréquences comme on dit de nos jours, offre l'avantage de permettre une forte bande passante (donc un débit de données important) sans pour autant consommer de façon excessive la ressource spectrale (encombrement de l'éther).
En plus, L'émission en hyperfréquences est idéale pour une liaison point à point puisqu'elle permet facilement la concentration d'un faisceau d'ondes radio dans une direction bien précise.
Elle met en oeuvre des antennes directives (paraboles) qui permettent de focaliser et diriger les ondes vers les récepteurs éloignés.
André Clavier fera de nombreuses recherches dans les domaines des systèmes de transmissions qui seront à la base des techniques numériques utilisées aujourd'hui (modulation en amplitude - PAM Pulse Amplitude Modulation, en durée - PTM Pulse Time Modulation, ou en position - PPM Pulse Position Modulation et enfin la modulation par codage d’impulsions - PCM, Pulse Coded Modulation pour les anglo-saxons base des transmissions numériques modernes).
Plus tard, les transmissions hertziennes qui étaient restées centrées sur les expériences de Hertz et les formulations mathématiques de Maxwell, vont se rapprocher des théories des automatismes et des systèmes asservis développées par des chercheurs comme Elwin Armstrong (1890-1954), Harold Black (1898-1983), Harry Nyquist(1889-1976) et surtout Claude Shannon (1916-2001) (notions de transmittance et applications aux systèmes bouclés - Théorème de Shannon).
Ces approches mathématiques nouvelles (calcul opérationnel et transformées de Laplace entre autres) seront appliquées aux études de la stabilité des amplificateurs et aux notions de bande passante.
De tous ces efforts émerge en 1948 la théorie des communications qui prend en compte la nature aléatoire du bruit et qui s’intéresse à la limitation des capacités de transmission liée à la bande passante des canaux.
En 1945, André Clavier part pour les Etats-Unis où il restera jusqu'à la fin de sa vie.
Marié à Alberte qui lui survivra, il aura un fils Philipp et une fille Mrs D.H. Wilkinson.
Les travaux de Clavier sont reconnus aujourd'hui au plan international, comme en atteste le passage d'un article publié dans une revue scientifique américaine dans les années 1970 :
"By 1948 the need for a theory of communication encompassing the fundamental tradeoffs of transmission rate, reliability, bandwidth and signal-to-noise ratio was recognized by various researchers. Several theories and principles wore put forth in the space of few months by A. Clavier, C. Earp, S. Goldman, J. Laplume, C. Shannon, W. Tuller and N. Wiener”.
En janvier 1948, l'année de l'invention du transistor, André Clavier écrira dans la revue Electronics :
" The opportunity is open to conquer new worlds in communication technology… "
Il écrira plus tard à son frère:
"Depuis, les paraboles de Calais/Douvres ont couvert les collines du monde et, agrandies, ont envoyé des signaux dans les lointains espaces intersidéraux. Ton cadet a ainsi apporté sa pierre à l'édifice scientifique."
Au moment de sa mise à la retraite, il était vice-président et Directeur de la R&D au Federal Telecommunications laboratories de la International Telephone and Telegraph corporation à Nutley (N.J.).
Il restera consultant longtemps après sa retraite.
Il finira sa vie à Ventnor aux U.S.A dans le New Jersey près de Philadelphie.
Il était membre de la Institute of Electrical and Electronics Engineers (I3E) en tant que pionnier dans la recherche sur les ondes ultra-courtes (microwaves radio) et membre Lauréat de la Société Française des Electriciens.
Rendons hommage à cet Homme de grande intelligence et aux autres moins connus qui ont travaillé et réfléchi pour mettre à notre disposition les techniques utilisées dans nos téléphones portables et nos liaisons WiFi ou celles utilisées pour le chauffage dans nos fours à micro-ondes !
Autres ouvrages ou publications à consulter :
Clavier, A. G., Panter, P. F. and Grieg, D. D. (1947a). Distortion in a pulse count modulation system, Transactions American Institute of Electrical Engineers (AIEE) 66(7): 989–1005.
Clavier, A. G., Panter, P. F. and Grieg, D. D. (1947b). PCM distortion analysis, Electrical Engineering 66(11): 1110–22.
A. G. Clavier Microwave Theory and Techniques, IRE Transactions on Volume 4, Issue 1, January 1956 Page(s):2 - 2 Digital Object Identifier 10.1109/TMTT.1956.1125001
A. G. Clavier, “Evaluation of transmission efficiency according to Hartley’s expression of information content,” Elec. Commun.: ITT Tech. J. vol., 25, pp. 414-420, June 1948.
"From Semaphore to Satelitte" - International Telecommunication Union - Geneva 1965 p:163
Sources :