Scientifique français né le 25 décembre 1763 à Brûlon (Sarthe) et mort le 23 janvier 1805 à Paris.
La famille CHAPPE, originaire de Mauriac en Auvergne, était venue s'installer dans la Sarthe dans les années 1750, suite sans doute à la rencontre du père de Claude avec Marie Verney de Vert une habitante de Brûlon qu'il épousera.
Son oncle, Jean Chappe d'Auteroche, célèbre astronome de l'époque, lui donnera le goût des sciences en lui permettant d'assister à quelques expériences rares à l'époque, comme en 1784 par exemple, le lancement d'une mongolfière depuis le terrain de son voisin Monsieur Suard.
À la fin de ses études au Petit Séminaire de La Flèche, Claude Chappe est nommé abbé commendataire, ce qui lui permet de s’adonner à la Physique. Il perdra sa sinécure pendant la Révolution française.
Vers 1791, le désir de communiquer avec des amis qui habitaient à quelques lieues de lui lui donna l'idée de concevoir un système pour leur parler à distance par signaux. Ses essais réussirent au point qu'il se rendit compte que le jeu qu'il avait inventé pouvait avoir des applications importantes.
Souvenons nous que le seul moyen d'envoyer une information à distance, à l'époque de la Révolution, restait la malle-poste qui permettait de joindre Paris à Lyon en 5 jours à la vitesse du cheval (6 jours en hiver) et quand tout se passait bien ..... compte tenu de l'insécurité des routes de l'époque !
Aidé de ses quatre frères, Claude Chappe décide de développer un système pratique de stations de relais de signaux.
Il met au point une machine composée de trois "voyants", de forme rectangulaire allongée, en bois et à claire-voie pour la légèreté et la prise au vent, mobiles dans le plan vertical et montés en haut d'un mât.
Le voyant central appelé régulateur est long de 4,65 m et large de 0,35 m. En tournant autour d'un axe fixé en son centre, il peut prendre quatre positions (verticale, horizontale, oblique droite et gauche).
Les deux autres voyants appelés indicateurs, longs de 1,94 m, s'articulent aux extrémités du régulateur, formant des angles aigus, droits ou obtus.
Bien compliqués ces chiffres direz-vous, mais si vous prenez comme unité la toise et le pied-du-Roi - dans les Unités de longueur du "système du Roi de France"- vous verrez que les dimensions sont en chiffres ronds !
Une mécanique astucieuse, le manipulateur, formée de leviers, d'axes, de contre-poids, de poulies, de cables est actionnée - depuis l'étage inférieur de la tour - par un seul homme que l’on nommait stationnaire.
Son travail était très physique : il devait lire le signal du poste amont à l’aide de sa longue vue, le reproduire sur son manipulateur, sans erreur, et vérifier que le signal était bien transmis au poste aval...
Ces stations devaient être installés tous les 10 à 15 Km, sur des points hauts (tours dédiées, clochers d'églises, ...) afin que les positions des voyants soient visibles, à la longue-vue, d'une installation à l'autre ..... par beau temps.
Les frères Chappe vont développer en parallèle, un code de 196 signaux différents numérotés plus un certain nombre de codes secrets connus seulement par quelques responsables, qui vont donner le sens du message transmis : un mot, une phrase, un ordre.
Aini, des hommes formés et disciplinés, répartis dans les différents relais, pourront assurer la répétition des signaux de proche en proche, et d'un point à l'autre de la ligne télégraphique.
Ignace Chappe (1760-1830), frère de Claude qui était membre de l’assemblée législative va l’aider à faire adopter son invention et à faire voter un décret de création d'une ligne prototype entre Paris et Lille qui comportera quinze stations réparties sur environ deux cent kilomètres pour transmettre des informations à l'usage des militaires.
C'est Chappe lui-même qui proposera, semble-t-il, le terme de TELEGRAPHE pour nommer ses sémaphores.
La vitesse de transmision de l'information est variable en fonction des conditions météorologiques bien sûr, mais, dans les meilleures conditions, un signal parti de Paris atteint Lille en 9 minutes !
La réception d'un message complet demande de l'ordre de 32 minutes, ce qui est remarquable pour l'époque ou un message écrit, pour le même trajet, demande au moins la journée pour être transmis à son destinataire.
Bien sûr, la nuit, la pluie et le brouillard rendent le système inopérant.
Le 1er septembre 1794, la ligne de télégraphe Chappe informa les Parisiens de la victoire de Condé-sur-l'Escaut sur les Autrichiens moins d’une heure après l'événement.
Cet évènement très médiatisé à l'époque, va donner un essor important au développement du Télégraphe aérien comme il sera appelé plus tard pour le distinguer du télégraphe électrique, puis de la TSF.
Vers 1840, le réseau français comptera 535 stations. La Belgique, la Hollande, l'Allemagne, l'Italie seront reliées pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire.
Le système Chappe sera encore utilisé en Algérie de 1844 à 1859 et sur le champ de bataille en Crimée en 1855.
Le télégraphe aérien, bien que réseau privé, restera toujours sous le contrôle de l'Etat pour des raisons évidentes de secret-défense à l'exception d'une courte période où il transmettra les résultats de la Loterie Nationale !
Apparu en avril 1793, le mot télégraphe est lié à l'aventure des frères Chappe. L'invention baptisée tout d'abord tachygraphe, prendra ensuite le nom de "télégraphe", du grec tèle grajein, TELE - loin, et GRAPHEIN - écrire.
Le télégraphe Chappe disparaitra rapidement à l'arrivée du Télégraphe électrique de Morse vers 1850.
Claude Chappe décèdera le 23 janvier 1805 à Paris.
Son frère Abraham rapporte dans le Journal de Paris du 1 février 1805, qu'en tournée d'inspection pour étudier l'emplacement des futures stations de la ligne Paris-Lyon, son frère Claude aurait été empoisonné dans un village près de Lyon où il resta longtemps mourant.
Cette affirmation prête à débat depuis très longtemps et elle fait partie d'une des nombreuses énigmes entourant la mort de l'inventeur des télécommunications.
Certains historiens prétendent que suite à la contestation de la priorité de son invention par Breguet, il en aurait été très affligé et se serait suicidé.
Il repose au cimetière du Père Lachaise à Paris.
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Jean Chappe d'Auteroche (1728 - 1769), oncle des frères Chappe, né à Mauriac en Auvergne, embrassa l'état ecclésiastique et se livra à l'étude de l'astronomie. En 1761, il fut choisi par l'Académie des sciences, dont il était membre, pour aller à Tobolsk en Sibérie, observer le fameux passage de Vénus sous le disque du soleil, fixé au 5 juin de l'année. Cette expédition avait pour but de recueillir des données pour calculer la distance de la terre au soleil. Le voyage extrêmement difficile et mouvementé durera 2 ans ! L'astronome mourra en Californie en 1769 lors d'une nouvelle expédition.
A noter :
Un ouvrage très complet sur la télégraphie Chappe (La Télégraphie Chappe, ouvrage collectif, FNARH, Éditions de l’Est, 1993) a été rédigé par une équipe de passionnés qui organise tous les deux ans des journées d’études sur ce thème. Pour tous renseignements, s’adresser à la FNARH (Fédération Nationale des Associations de personnel de La Poste et de France Télécom pour la Recherche Historique) site : www.fnarh.com et courriel : fnarh@wanadoo.fr.
Par ailleurs, un certain nombre d'associations s'occupent aujourd'hui, dans le cadre de la protection du patrimoine, de la restauration d'anciennes tours de télégraphe Chappe.
Voir par exemple :
Le musée du Télégraphe à Baccon dans le Loiret près d'Orléans. tél : 02 38 46 67 88
ou le télégraphe Chappe à Sainte Foy-lès-Lyon, près de LYON - Renseignements au 04.72.32.08.01 ou à la mairie, 69110 Ste Foy-Lès-Lyon, tél. 04.72.32.59.00
ou encore, Le Télégraphe d'Avranches Tél : 02.99.48.67.74
Merci à Jean-Pierre VOLATRON qui m'a aidé à bonifier cette courte biographie.
Merci à L'Association de Feyzin (Rhône) pour la préservation du patrimoine local pour la qualité de l'exposition présentée au cours du premier semestre 2009.
La ville de Brûlon rend hommage à Claude CHAPPE en lui dédiant un musée installé dans l'ancien prieuré de la commune.
Vous pourrez y découvrir de nombreux documents et des maquettes qui attestent de la formidable aventure du télégraphe.
Renseignements au près du Syndicat d'Initiative. Tél : 02.43.95.05.10
Sources