En 1940, je me suis retrouvé, suite aux aléas de la guerre, "réfugié lorrain" dans la Cité des Gaules à LYON.
Je fus inscrit au "Collège des Minimes" (lycée local bien connu), solide bâtisse ancienne, accrochée au flanc de la colline de Fourvière.
Grâce à l'aide de quelques externes de notre classe, nous réussîmes un jour à nous procurer quelques morceaux de galène, pas plus gros qu'une noisette, et quelques composants telle une espèce de "grattoir" en laiton qui permettait de rechercher le point sensible du cristal.
Avec quelques camarades bricoleurs, nous avions fixé le tout sur une planchette de bois. L'ensemble était relié à 2 morceaux de fil électrique d'environ 3 m de long : La TERRE et l'ANTENNE.
Un écouteur de fortune, d'origine inconnue, pas plus gros qu'un petit pois, faisait fonction de "haut-parleur".
Je me souviens très bien que ce minuscule appareil était d'emploi très inconfortable et s'adaptait mal à mon oreille.
Un soir, alors que le pion venait d'éteindre la pâle lumière de notre dortoir, nous attendions tous le moment crucial du test de notre montage.
Après dix ou quinze minutes d'une attente silencieuse interminable, je me mis à gratter dans le noir la surface de la galène avec la pointe du "détecteur" de fortune.
Oh ! miracle, après quelques palpations "en aveugle", rapidement, une voix assez claire se fit entendre dans l'écouteur.
Peu importait le contenu de l'information, le nom de la station reçue, ... seul comptait pour nous le succès de cette expérience scientifique de premier ordre.
Nous allions enfin pouvoir sortir de l'enfer du pensionnat et accéder, durant la nuit, à la liberté totale !
Pour améliorer l'efficacité du système, un de mes camarades, le "scientifique" de l'équipe sans doute, suggéra d'allonger l'antenne.
Pourquoi ne pas utiliser la structure métallique de nos lits ?
Un test fut fait en prenant la précaution d'enlever la peinture sur une partie peu visible d'un pied de mon lit pour assurer un bon contact électrique. La solution se révéla assez bonne, mais il était sans doute possible de faire encore mieux.
La table de nuit fut aussi mise en test (vous vous souvenez sans doute de ces vieilles tables de nuit "style hôpital" laquée d'une peinture d'un blanc jauni par les années !). Le résultat était noté "moins bon" sur notre compte rendu d'expérimentation.
Un autre camarade moins "scientifique" mais plus audacieux, eut l'idée extrêmement intéressante de relier les lits entre eux et d'assurer une connexion à l'aide d'un fil qui traversait l'allée centrale du dortoir.
Avec une telle disposition, l'écoute s'avéra considérablement améliorée ; comme quoi le vieil adage "l'union fait la force" était pour une fois, parfaitement vérifié !
Une nuit, sans doute à cause de nos murmures un peu trop forts, le pion sortit subrepticement de sa "tanière" et la lampe de poche à la main, commença à nous réprimander.
Le pauvre, dans sa précipitation, ne prit pas garde au fil qui courait sur le sol et barrait l'allée centrale.
Il se prit les pieds dans l'installation et s'affala par terre en hurlant des injures : " Bande de petits C.. !!"
Nous pouffions de rire devant le burlesque de la situation !
Vous devinez la suite : descente du "surgé", inspection de paquetage .... et ....confiscation immédiate du matériel ....... avec lettre aux parents pour corser le tout !!
Quelques temps après ...... nous faisions entrer "en secret" un nouveau matériel plus performant comme il se doit.
Pol DENIS, auteur de cette croustillante histoire est rédacteur de LA INFORMILO, bulletin d'information bilingue esperanto/français édité par l'association culturelle Espéranto France-Est.
Au sommaire, presse info, tribune libre, kaleïdoscope, vie associative régionale, l'esperanto dans le monde, culture internationale, ....
Le bulletin couvre les départements de la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, la Moselle, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et les Vosges.